vendredi 7 décembre 2018

Du tissu pour du papier.

Cet été, sur la route du retour des vacances, nous avons eu l'occasion de nous arrêter à côté d'Ambert en Auvergne.

Nous en avons profité pour  visiter le moulin à papier Richard de Bas.

C'est le dernier en activité en Auvergne, alors que cette région a été l'une des toutes premières à produire du papier et ce dès le début du XIVe siècle. A l'apogée de l'industrie papetière il y avait entre 150 et 200 moulins sur le territoire, qui pouvaient produire environ 3 tonnes de papier par jour.
A l'époque, un moulin à papier fabriquait du papier à partir de tissus, avant que les techniques se tournent vers l'utilisation de la cellulose du bois en raison d'une forte demande de papier ayant entraîné une pénurie de chiffons. Le moulin Richard de Bas est le seul localement à avoir survécu à cette innovation technologique. L'activité des autres moulins a décliné car les ruisseaux des vallées ambertoises n'étaient pas en capacité de produire toute l'énergie mécanique, puis électrique, nécessaire au fonctionnement des machines indispensables à l'extraction de la cellulose.

La méthode de fabrication utilisée à l'époque est toujours la même aujourd'hui .

Le tissu est d'abord coupé en petits morceaux puis mis à tremper dans "le pourrissoir".

Ensuite il est haché et transformé en bouillie dans "les piles" grâce à d'énormes maillets équipés de lames en acier, actionnés par un arbre à cames mis en mouvement par une énorme roue qui tourne grâce à l'eau d'une petite rivière : le 
Lagat

Cette bouillie est ensuite chauffée dans une grande cuve. 

Pour produire une feuille, "l'ouvreur" plonge dans la cuve une forme rectangulaire constituée d'un tamis de fils de laiton fixés à un cadre rectangulaire.

Ce sont ces fils qui donnent le filigrane, cette "signature" qui permet d'authentifier le papier : par transparence on voit que les fils ont diminué l'épaisseur et cela donne une empreinte, invisible hors transparence.


Puis, l'ouvreur retire sa forme de la cuve et lui imprime une oscillation créant la feuille ...


... aussitôt déposée sur un feutre de laine par "le coucheur".
Les feutres et feuilles, forment une pile pressée à l'aide d'une imposante presse en bois de façon à évacuer 80 % de l’eau des feuilles.


Les feuilles sont ensuite suspendues, une à une, sur des cordes dans un étendoir aménagé au dernier étage de la bâtisse. 
En façade du moulin, des ouvertures ventilent naturellement l'étendoir favorisant ainsi un séchage en douceur des feuilles.



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La visite comprend aussi la présentation du lieu de vie du papetier et de sa famille.





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Dans la boutique du moulin j'ai acheté un livre qui reprend l'histoire d'un apprenti papetier qui fait sa formation à Richard de Bas.




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Ici quelques photos du papier fabriqué dans ce moulin. Avec les inclusions de pétales de fleurs et de végétaux ramassés dans le jardin du moulin.





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Bien que cet article soit un peu long, je rajoute deux photos prises à Ambert. La première est celle d'une rue aux façades colorées.

La deuxième, prise au marché, est un étalage de fromages d'Auvergne, dont la fameuse fourme d'Ambert.



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J'aurais voulu aussi visiter le musée de l'école  qui se trouve apparemment tout près du moulin Richard de Bas.  Ça n'était pas possible pour cette fois mais si vous cliquez sur le lien vous verrez que ça donne envie de le visiter. 


  

"Blottie au fond d'une ravissante vallée,
Tournait la roue d'un moulin à papier.
  Le long du torrent le gamin gambadait,
 D'être un jour maître papetier, il rêvait."

Issu du livre "l'apprenti papetier" Albert Pignol


3 commentaires:

  1. Très interessant ton article. Les feuilles avec les fleurs sont vraiment belles... je ne suis pas sûre d'oser écrire dessus! Tu sais qui son les principaux clients de la fabrique: artistes? calligraphistes ? Pour le musée de l'école, il faudrait vraiment qu'on se cale un jour pour visiter celui de Bourges .... Bon dimanche. bisous

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    1. Voilà ce que j'ai trouvé sur le site du moulin.

      "Les utilisations du papier
      Passées...

      Les moulins de la région et Richard de Bas ont contribué à fournir en papier "L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert" pendant plusieurs années au XVIIIème siècle pour le tirage des gravures.

      Le papier du Moulin Richard de Bas a également servi à l'impression de l'exemplaire unique de la Constitution de la 5ième République Française de 1958, ou encore des diplômes du Prix Nobel, ainsi que de nombreuses autres éditions prestigieuses.

      ...Actuelles...

      Le papier blanc sert à la restaurant d'ouvrages anciens, à l'édition de livres d'artistes à tirage limité. Les papiers pour beaux-arts seront le support de vos dessins, aquarelles, gravures ou lithographies...

      Le papier à fleurs permet l'impression de poèmes, de faire-part, de menus à l'occasion de fêtes, mais aussi la réalisation d'abat-jour.

      Les compositions florales, œuvres uniques, sont à encadrer telles quelles pour le plaisir des yeux. Marque-pages et cartes de correspondance sont également réalisés."

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    2. Du pourrait le rajouter à ton article ou faire un autre article en apportant ces précisions...parce que du coup c'est intéressant de savoir à quoi sert cette production. :)

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